LA COMMUNION DE SES SOUFFRANCES
Par Théodore Austin-Sparks

« Afin que je connaisse Christ... et la communion de Ses souffrances. » (Philippiens 3:10)

« Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et je remplis ma part des souffrances de Christ pour son corps qui est l'Eglise. » (Colossiens 1:24)

« ...rendre parfait l'auteur de leur salut par les souffrances... ayant été tenté Lui-même dans ses souffrances. » (Hébreux 2:10,18)

« Si vous supportez patiemment la souffrance pour avoir bien fait, c'est à cela que Dieu prend plaisir. Car, c'est à cela que vous êtes appelés, puisque Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple... maltraité ne faisait point de menaces, mais s'en remettait à celui qui juge avec justice. » (I Pierre 2:20,21,23)

« Christ ayant donc souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette même pensée... réjouissez-vous de ce que vous participez aux souffrances de Christ. » (I Pierre 4:1,12-13)

L'expression « les souffrances de Christ » est un tout, une expression globale qui dépasse de loin ce que nous en savons. Elle englobe ou recouvre tout un domaine de souffrances à laquelle nous n'avons aucune part; nous ne sommes nullement appelés à être partie prenante de la souffrance expiatoire de Christ. Il nous faut le reconnaître et l'affirmer une fois pour toutes. Si souvent l'Adversaire cherche à nous rappeler et nous mettre dans la tête, nos souffrances et nos péchés et par là même à saper l'oeuvre que Christ accomplit dans nos coeurs. Dans un livre dangereux et pernicieux, l'auteur déclare avec insistance qu'il nous faut tous faire l'expiation de nos péchés même si nous sommes déjà devenus chrétiens: c'est un mensonge satanique. Il y a une différence entre la correction toute pédagogique de l'amour du Père dans l'instruction de l'enfant et le jugement lié à la condamnation du péché.

Que l'on comprenne bien qu' « une pleine expiation » a été faite par Christ et que nous n'avons aucune part aux souffrances endurées par Christ dans cette oeuvre. Mais il est un autre domaine de ses souffrances auquel nous pouvons avoir part, non pas pour notre salut mais pour notre vocation et notre édification. Ces souffrances revêtent diverses formes et nous allons en dire quelques mots. Nous diviserons ces aspects de la souffrance en deux: les souffrances intérieures et cachées, et les souffrances extérieures.

I - Les souffrances cachées de Christ

Dans Hébreux 2:18, il est dit qu' « Il souffrait Lui-même d'être tenté », ce qui nous fait comprendre que la tentation était un chemin de souffrance pour Christ; Certaines tentations étaient évidentes mais pour Lui la souffrance était bien plus profonde car elle impliquait bien plus de peine pour Lui que pour nous. Nous pouvons néanmoins en avoir quelques notions. Par exemple, avec quelle persévérance et persistance notre Seigneur était-il poussé à donner à son comportement un intérêt personnel! Depuis l'épreuve de la tentation au désert et jusqu'aux derniers instants sur la Croix, c'était toujours: « Sauve-toi toi-même. » Il était toujours entraîné sur la voie rapide, facile et populaire, mais la voie de la volonté du Père était toute autre: celle de la patience, de l'obstacle et de la solitude. La nature même du dessein qui le motivait et dirigeait sa vie, allait à l'encontre de ce chemin facile, rapide et peu coûteux, celui d'Adam qui était leurré, piégé par une destinée divine perdue. Il en était arrivé à inverser en l'être humain cette tendance à la facilité. Une atmosphère terrible régnait en son for intérieur par rapport à cette destinée divine. L'antagonisme, la solitude et l'inaptitude à saisir la nature des choses divines, pesaient si terriblement sur lui au point qu'aucune attitude simplement passive n'était encore possible. Il lui fallait combattre et lutter en passant par la pression de la suggestion et de la contrainte: « Il souffrait en étant tenté » Il était tenté d'éviter toute nuisance ou désagrément personnel, de désamorcer l'incompréhension et l'injure et de faire du compromis en cherchant à éliminer toute opposition et tout superflu. Ce n'était pas une souffrance morale pour lui d'affronter cette tentation, mais cette tentation s'infiltrait si souvent par des voies qui la rendait très douloureuse pour lui. Un de ses plus proches compagnons allait sur ce point le méjuger complètement (Matthieu 16: 23) servant Satan pour le détourner subtilement, mais avec amour, du sentier de souffrance qui était devant Lui. C'est effectivement une souffrance quand le plus proche de soi sur terre n'arrive pas à saisir toutes les exigences de la volonté du Père et de sa consécration envers Lui, en utilisant la persuasion et l'amour de la sollicitude pour trouver une voie alternative. Pierre était tenté de servir Sa cause par des moyens et méthodes humains. Descendre du haut d'un lieu élevé jusqu'au milieu d'une foule attirerait l'attention en faisant une grosse impression. Ce serait sensationnel, comme descendre du ciel. Le monde serait captivé et Sa position bien établie; Que de telles suggestions, sans doute renouvelées en d'autres circonstances plus heureuses, aient été fastes à Celui qui était présent dans la Joie de Dieu, c'était déjà en soi une souffrance.

Il n'était pas nécessaire qu'en Lui quoique ce soit réponde et réagisse à de telles suggestions. Ces suggestions étaient en elles-mêmes des motifs de souffrance morale et spirituelle et c'était terrible pour Lui de vivre dans une telle ambiance où elles se multipliaient. Il était également tenté d'être exposé à faire de l'opinion un facteur déterminant, ce que les gens religieux diraient ou penseraient, ce qui était accepté et ce qui se faisait. C'était aussi ce que ses proches et ses propres frères voulaient Lui faire accepter. (Jean 4:15)

Oui, Il est entré dans nos propres tentations: Il a été tenté en tout point comme nous et d'une certaine manière que nous ne comprenons pas, c'était pour Lui une souffrance. Il y a des souffrances qui sont particulièrement le lot de ceux qui paient un lourd tribut à leur soumission et à leur consécration à un dessein divinement attribué. La souffrance causée par cette sorte d'épreuve, la tentation, se vit essentiellement dans le secret.

II- Les souffrances extérieures de Christ.

Comme Fils de Dieu de la lignée céleste, Christ était marqué par la différence. Par voie de conséquence, un certain antagonisme envers Lui régnait là où « le Prince de la puissance de l'air » siégeait (Ephésiens 2:2). Les gens étaient influencés et conditionnés malgré eux. Dans la mesure où ils étaient concernés, c'était déraisonnable et immérité, car ils n'étaient que des jouets entre les mains du diable. Il ne pouvait tout simplement pas avoir raison quoiqu'Il dise ou fasse. Une fois Il était trop humble Il n'était que le fils du charpentier, une autre fois, Il était trop élevé et supérieur aux autres. Ce qu'il avait de bien était mal compris et déprécié. Apparemment, on ne lui donnait aucune chance d'avoir raison. Si d'aventure Il s'était laissé influencé par le courant populaire, on faisait une enquête sur Lui et tout se révélait comme faux. Beaucoup d'autres attitudes se révélaient comme l'expression d'un sentiment d'hostilité.

Rappelons-nous toujours que ceux qui appartiennent à Christ souffrent de la même manière que Lui. Ils sont marqués et différenciés comme étant de la semence royale et à l'encontre de toute raison et bon sens humains, ce qui fait que les meilleures personnes sont presque irresponsables de leurs paroles et de leurs actes. C'est tout cela la communion à ses souffrances.

Souvenons-nous qu'Il était rendu parfait par ses souffrances. Parfait par sa nature, Il a été amené pleinement à la perfection par ses souffrances. Nous-mêmes, en souffrant avec Lui (au travers de ses souffrances), nous serons amenés à Sa parfaite ressemblance, conforme à Son image.