Par G. Campbell Morgan
Ce livre traite presque exclusivement de l'histoire de David. Pas dans son intégralité, car celle-ci commence dans 1 Samuel et se poursuit dans 1 Rois, puis est abordée sous un autre angle dans 1 Chroniques. Il s'agit toutefois de l'histoire principale de son règne, qui nous présente le tableau d'une monarchie théocratique. Le peuple avait réclamé un roi. Dieu leur en a d'abord donné un selon leur cœur, puis il leur en a donné un selon Son cœur. C'est aussi par lui que l'échec de la médiation dans le gouvernement s'est manifesté. Pourtant, grâce à sa relation avec Dieu, il a contribué, même pendant les périodes de péché, à faire avancer l'histoire vers le seul vrai Roi. Il y a trois parties principales : l'ascension de David (1-10) ; la chute de David (11-20) ; l'appendice illustratif (21-24).
A. L'ascension de David - 2 Samuel 1:1-10:19
Dans cette première partie du livre, il y a deux mouvements, l'un traitant du règne de David sur Juda, et l'autre de son règne sur toute la nation.
Le livre s'ouvre sur l'histoire d'un Amalécite qui apporte à David la nouvelle de la mort de Saül. Cette histoire était manifestement une invention. David le traita sévèrement, puis chanta une grande complainte sur la mort de Saül et de Jonathan. Cette complainte est solennelle et digne lorsqu'elle évoque Saül et Jonathan, mais elle se fond dans une extrême tendresse lorsqu'elle ne concerne que son ami Jonathan.
Oint roi de Juda, le premier acte de David fut de demander à Dieu ce qu'il devait faire. L'esprit de Saül, qui était celui de l'antagonisme envers David, se perpétua en Abner, qui se mit en tête de consolider le royaume d'Israël autour de la maison de Saül. Joab, personnage étrange et rude, à la fois féroce et fidèle, était néanmoins inébranlable dans sa loyauté envers David. Lors de la première bataille entre Israël et Juda sous ces chefs respectifs, Asaël fut tué. Sa mort pénétra comme du fer dans l'âme de Joab, qui ne se reposa pas tant qu'il n'eut assouvi sa vengeance sur Abner. La lutte fut longue et pénible, mais, comme le déclare le chroniqueur, « la maison de David. David devenait de plus en plus fort, et la maison de Saül allait en s'affaiblissant ».
David avait gagné le cœur de tout Israël par sa justice constante et sa magnanimité envers ceux qui se dressaient sur son chemin. Le peuple reconnut les qualités royales de cet homme, et il fut enfin couronné roi de toute la nation. Sa première victoire fut la prise de Jérusalem. Un élément de faiblesse se manifesta à ce moment-là, lorsqu'il eut pris possession du royaume et multiplia ses concubines et ses femmes.
Victorieux à la guerre, le roi n'oubliait pas la vérité fondamentale de la vie nationale qu'il était appelé à présider. Il fit transporter l'arche dans la capitale. En lien étroit avec ce récit, on raconte son désir de construire le Temple. C'était un désir tout à fait naturel et même légitime. À tel point que cela toucha Nathan, qui lui conseilla de faire tout ce que son cœur désirait. Cependant, ce n'était pas la volonté de Dieu qu'il accomplisse cette œuvre, et le prophète fut envoyé pour délivrer un message qui n'était en accord ni avec le désir de David ni avec sa propre opinion. L'histoire révèle le triomphe de Nathan et de David dans leur soumission immédiate à la déclaration de la volonté de Dieu. Le prophète délivra sans hésiter son message, même s'il contredisait son opinion exprimée. David se soumit immédiatement à la volonté de Dieu et l'adora.
L'histoire des victoires de David a un lien plus étroit avec son désir de construire le Temple qu'il n'y paraît à première vue. Par ces victoires, il a non seulement renforcé sa position, mais il a également amassé des trésors. La maison du Seigneur était toujours dans son esprit, et bien qu'il sût qu'il ne serait pas autorisé à la construire, il rassemblait néanmoins des provisions en vue de l'œuvre de son fils.
L'histoire de David et de Mephiboscheth est empreinte d'une tendresse exquise. L'amour du roi pour Jonathan était encore vif. On imagine facilement comment, à l'époque où sa prospérité grandissait, il repensait aux temps difficiles et à la loyauté de son ami dans des circonstances si stressantes et périlleuses. Pour David, la maison de Saül, qui lui avait fait tant de mal, était rachetée par son amour pour Jonathan, et il fit rechercher s'il restait quelqu'un de cette maison à qui il pourrait faire preuve de bonté pour l'amour de son ami. Cette enquête fut récompensée par la découverte de Mephiboscheth, dont la boiterie était tragique et pathétique, car elle avait été causée par la fuite de sa nourrice lors du terrible jour de Jizreel, où son père et son grand-père étaient tombés ensemble. Le roi lui rendit les terres de Saül et le fit siéger à sa table en tant qu'invité d'honneur.
Le récit poursuit en relatant les victoires remportées sur Ammon et la Syrie. Joab se révèle dans toute la force rude et terrible de son caractère. Il est intéressant de noter qu'il n'a pas envisagé la possibilité d'une défaite finale dans son conflit avec Ammon. Lorsqu'il organisa la bataille, il divisa ses forces, mais il le fit afin que, si les Syriens d'un côté étaient trop forts pour lui, le peuple sous les ordres d'Abishai, son frère, puisse lui venir en aide ; ou si, d'un autre côté, les enfants d'Ammon étaient trop forts pour Abishai, il pourrait l'aider. Il ne semble pas lui être venu à l'esprit que cette combinaison pouvait être trop forte pour eux deux. C'est là la véritable qualité d'un soldat. Nous ne sommes pas surpris que Joab ait remporté la victoire. Cette histoire constitue le point culminant du récit de l'ascension au pouvoir de David et prépare le terrible récit de sa chute en nous montrant les circonstances générales dans lesquelles celle-ci s'est produite.
B. La chute de David - 2 Samuel 11:1-20:26
Dans toute la Bible, il n'y a pas de chapitre plus tragique ni plus rempli d'avertissements solennels et profonds que celui qui raconte la chute de David. En y réfléchissant attentivement, nous remarquons les étapes logiques qui mènent à sa chute, se succédant rapidement. Tout d'abord, David s'attarda à Jérusalem. C'était le temps de la guerre, et sa place était auprès de l'armée, mais il resta en arrière, dans la sphère de la tentation. Nous pouvons résumer en quelques mots ce mouvement descendant : « Il aperçut », « il fit demander », « il envoya la chercher ». Le roi est tombé, en réponse à cette faiblesse intérieure qui s'était déjà manifestée, passant d'un haut niveau de pureté à celui d'un péché terrible. Son péché contre Urie, l'un de ses soldats les plus courageux, était encore plus ignoble que celui contre Bath Schéba. D'un point de vue purement humain, la folie indescriptible de toute cette affaire est évidente, car on voit comment il s'est livré au pouvoir de Joab en lui confiant son secret coupable. Au bout d'un an, le prophète Nathan lui rendit visite et lui reprocha son péché. On peut presque imaginer qu'après une année de misère indescriptible, cette visite de Nathan fut un soulagement pour l'homme coupable. Son repentir fut sincère et immédiat.
La sincérité du repentir de David se manifesta dans son attitude face au châtiment qui commençait à s'abattre sur lui. Lorsque l'enfant mourut, David se prosterna. Le péché d'Amnon l'affligeait profondément, mais comme il ressemblait au sien, il était incapable d'agir. C'est peut-être la rébellion d'Absalom qui lui causa le plus de souffrances. Cette histoire est en effet pleine de tragédie. La cruauté et le manque de cœur d'Absalom s'abattirent comme une avalanche de douleur sur le cœur de David, et l'on peut se demander s'il souffrit davantage le jour de la victoire éphémère d'Absalom ou dans l'heure sombre et terrible de sa défaite et de son assassinat. Sa complainte sur Absalom est une parfaite révélation de son chagrin.
Enfin, la rébellion étant réprimée, le roi fut ramené dans son royaume, et il y eut une reconstruction, de nouveaux officiers étant nommés dans les différents départements de l'État.
C. Appendice - 2 Samuel 21:1-24:25
Comme à la fin du premier livre, plusieurs sujets sont abordés ici, non pas dans l'ordre chronologique ou dans leur relation, mais pour illustrer l'époque qui vient d'être examinée. Cette annexe contient des éléments qui révèlent le gouvernement direct de Dieu, deux déclarations de David qui sont une révélation de son véritable caractère, et un récit de certains actes des hommes vaillants, qui montre l'esprit héroïque de l'époque.
Le récit de la famine a été écrit dans le but de donner une leçon purement nationale. Saül avait trahi les Gabaonites, et la culpabilité de son acte n'avait été ni reconnue ni expiée. Le péché de la maison régnante était le péché du peuple, et il est noté par Dieu et doit être pris en compte. D'où la famine, qui ne prit fin que lorsque, par le sacrifice des fils de Saül, la nation prit conscience de sa culpabilité et se repentit.
Le caractère de David est révélé dans deux psaumes. Dans le premier, nous trouvons les choses les plus profondes. Des convictions telles que celles de la souveraineté absolue de l'Éternel, de son pouvoir omnipotent de délivrer, de la nécessité d'obéir à sa loi et de l'assurance que, dans le cas d'une telle obéissance, il agit toujours pour son peuple, constituaient la force sous-jacente du caractère de David. Selon toute vraisemblance, le psaume a été écrit avant son péché, et si tel est le cas, on comprend aisément combien son chagrin fut terrible lorsqu'il reconnut par la suite son échec.
Le second contient les dernières paroles du grand roi. Elles expriment la conscience de son propre échec, tout en chantant la fidélité divine.
Le règne de David fut sans conteste l'âge héroïque de l'histoire d'Israël. Cela est démontré par la liste complète des hommes vaillants et les illustrations de leurs exploits qui sont données. Il est intéressant de se rappeler que ces hommes s'étaient rassemblés autour de lui à Adullam, des hommes qui, ailleurs, sont décrits comme endettés, en danger et mécontents. C'étaient des hommes dotés de pouvoirs naturels qui avaient été gâchés, mais en qui ces pouvoirs avaient été rachetés et réalisés.
Le livre se termine par une autre image qui nous rappelle le gouvernement direct du peuple par Dieu, qui punit le roi et la nation pour avoir dénombré le peuple. On a objecté qu'il n'y avait rien de péché dans ce recensement, puisqu'il avait déjà été effectué auparavant dans l'histoire du peuple sur l'ordre direct de Dieu. Mais c'est là que réside le contraste entre les recensements précédents et celui-ci. Ceux-ci avaient été effectués sur l'ordre de Dieu. Celui-ci a été fait pour une raison différente. Le caractère pécheresse de cet acte est évident dans la conscience qu'en avait David, et compte tenu de sa confession, il ne nous appartient pas de le critiquer. Comme nous l'avons dit, le motif explique sans aucun doute le péché. Bien que ce motif ne soit pas explicitement énoncé, nous pouvons peut-être en avoir une idée à partir de la protestation de Joab : « Que l'Éternel, ton Dieu, rende le peuple cent fois plus nombreux, et que les yeux du roi mon seigneur le voient! Mais pourquoi le roi mon seigneur veut-il faire cela? » Un esprit de vanité quant au nombre s'était emparé du peuple et du roi, et l'on avait tendance à se fier au nombre en oubliant Dieu. Le choix de David quant à la punition révéla une fois de plus sa reconnaissance de la justice et de la tendresse de l'Éternel. Il voulait que le coup qui devait tomber vienne directement de la main divine plutôt que par un intermédiaire.
Le livre se termine par le récit de l'édification de l'autel dans l'aire d'Aravna, le Jébusien, et nous voyons enfin l'homme selon le cœur de Dieu transformer l'occasion de son péché et son châtiment en un moment d'adoration.
1 Rois