Par G. Campbell Morgan
Le livre de l'Exode est la suite de l'histoire racontée dans la dernière partie du livre de la Genèse. Dans l'Exode, rien n'est commencé et rien n'est terminé. C'est un maillon de la chaîne de l'histoire des relations de Dieu avec la race humaine. Pour relier le sujet à ce qui a précédé, rappelons que le livre de la Genèse était divisé en trois parties : premièrement, la Génération ; deuxièmement, la Dégénérescence ; troisièmement, la Régénération.
En considérant la régénération, nous avons vu l'œuvre se dérouler en ce qui concerne l'individu, la famille et la société. La dernière observation de la Genèse indiquait la ligne de la régénération de la nation.
Nous passons maintenant à l'Exode. Le mot « Maintenant »(1), qui introduit le premier chapitre, peut être traduit avec une parfaite exactitude par « Et »(2). C'est un mot qui marque la continuité. Si nous supprimons le livre de la Genèse, le livre de l'Exode perd tout son sens. Toute l'histoire de l'Exode dépend de celle de la Genèse. Nous avons quitté les enfants d'Israël, un peuple sans conscience nationale ni organisation. Nous allons maintenant étudier le récit de l'émergence de la nation.
Le livre est clairement divisé en trois parties : l'esclavage, la délivrance et l'organisation.
A. L'esclavage - Exode 1:1-5:21
Séparés des influences corruptrices du pays de Canaan, les enfants d'Israël se multiplièrent rapidement dans le pays de Gosen.
Cette croissance même devint une menace pour l'Égypte, et du point de vue de l'opportunité politique, Pharaon était en droit de recourir à des mesures extrêmes pour la contenir. Très haut sur Son trône au-dessus de Pharaon, l'Éternel permit à Son peuple de traverser la longue période d'oppression et de souffrance, renforçant ainsi la fibre nationale et rendant le peule fort pour les campagnes futures.
À l'approche du moment fixé pour la délivrance, l'instrument de Dieu fut trouvé et préparé. L'histoire de Moïse occupe la section suivante. Sa protection présente une image merveilleusement humaine, car elle manifeste le doux art de l'amour maternel. L'inspiration de l'activité de l'amour était, comme nous l'apprend le Nouveau Testament, celle de la foi.
La façon dont L'Éternel a maîtrisé les circonstances pour accomplir Son dessein se voit dans la venue de la fille de Pharaon. L'histoire de l'humanité a été marquée par le fait qu'un jour, un bébé pleura non loin d'une femme. Le bébé trouva son chemin dans le cœur de la femme, et cette dernière porta le bébé au cœur du pouvoir égyptien. Là, le futur chef d'Israël reçut son éducation et la première partie de la préparation nécessaire pour le travail qui l'attendait.
Quarante ans s'écoulèrent, et l'enfant, devenu homme, tourna le dos à la cour d'Égypte et à toutes ses splendeurs. Sa fuite était également sous le gouvernement de Dieu. S'il avait tenté de délivrer Israël à l'âge de quarante ans, il aurait échoué. L'homme, cultivé et raffiné, avec tout l'apprentissage de son temps, passa à la période suivante de sa préparation dans la solitude majestueuse de la péninsule du Sinaï. C'était le passage d'une grandeur moindre à une grandeur plus grande. La solitude des montagnes, sous la lumière dorée du soleil le jour et la solennité majestueuse des étoiles la nuit, est beaucoup plus majestueuse que tout l'éclat d'une cour terrestre. Là, Moïse était berger, et c'est ainsi qu'il reçut la partie suivante de sa préparation au leadership.
Puis vient le récit de son appel direct et de sa commission. Dans cet épisode, L'Éternel a dû faire face aux difficultés liées à la peur de Moïse. La victoire a été remportée par Dieu, et Moïse a tourné le dos, cette fois-ci, à la solitude du désert. Il s'est dirigé vers la cour du Pharaon.
B. Délivrance - Exode 6:1-18:27
Dans cette section, l'Éternel émerge de l'ombre pour se retrouver en pleine lumière et devient l'intérêt suprême. Il est décrit en train de traiter avec Moïse sous forme de préparation, avec Pharaon en lien avec le jugement, et avec Son peuple dans la délivrance et la direction.
Dans la première section, nous avons le récit de la réponse que l'Éternel a donnée à la plainte de Son serviteur lorsqu'il a été découragé par sa première rencontre avec Pharaon et son propre peuple.
Cette réponse consistait en premier lieu en une grande auto-déclaration. Au cours de celle-ci, les mots « Je suis l'Éternel » sont utilisés quatre fois, et ces déclarations sont entourées d'affirmations concernant l'activité divine. « Je suis apparu… Je n'étais pas connu… J'ai établi mon alliance… J'ai entendu les gémissements… Je me suis souvenu de mon alliance… Je vous ferai sortir… Je vous délivrerai… Je vous rachèterai. Je vous prendrai auprès de moi… Je serai pour vous un Dieu. Je vous ferai entrer. Je vous le donnerai. » La valeur de cette déclaration peut être comprise en reconnaissant la difficulté de la position qu'occupait Moïse. L'homme qui avait été élevé à la cour d'Égypte était revenu proclamer l'autorité d'un autre Souverain, d'un Roi invisible. Il avait été traité avec mépris par Pharaon. Les personnes mêmes qu'il était venu délivrer avaient refusé de l'écouter. Il retourna vers Dieu pour se plaindre, et la méthode divine pour traiter avec Moïse fut de lui dévoiler Sa propre gloire. Moïse n'eut plus jamais peur. Il connut d'autres échecs, mais il ne manifesta plus aucune peur de Dieu jusqu'à la fin. Il eut une nouvelle vision de Lui et ne douta plus de Sa puissance.
Et pourtant, la peur se manifesta immédiatement, mais c'était la peur de lui-même. Il lui était difficile de croire qu'il pouvait être l'instrument d'un tel Dieu. L'Éternel répondit à cette nouvelle peur en assurant à Son serviteur que sa force devant Pharaon ne serait pas celle de son éloquence ou de sa puissance, mais plutôt celle de la préparation et de l'équipement divins. Alors la foi triompha de la peur, et Moïse s'avança vers l'œuvre qui lui avait été assignée.
La section suivante révèle que l'Éternel s'occupe de Pharaon en le jugeant. Ce jugement se déroule en trois cycles, au cours desquels trois fléaux démontrent la puissance de Dieu. Comme aucun d'entre eux ne parvient à amener le cœur de Pharaon à se soumettre volontairement, un quatrième et dernier jugement s'abat sur lui.
Dans le récit de ce processus de jugement, il est nécessaire d'établir une distinction très précise entre le durcissement du cœur de Pharaon et le fait que Dieu ait endurci son cœur. C'est l'un des grands passages des Écritures dans lequel la « Autorised Version »(3) est susceptible d'induire en erreur. Tout au long du récit, il est déclaré que le Seigneur a endurci le cœur de Pharaon. Le texte hébreu ne justifie pas une telle traduction. En fait, il n'est jamais dit que l'Éternel a endurci le cœur de Pharaon avant la fin du deuxième cycle de plaies.
De plus, deux mots différents sont utilisés, bien que tous deux soient traduits par « endurci ». L'un signifie rendre fort ou courageux. L'autre signifie rendre obstiné. Dès le début, il est déclaré que Dieu a rendu son cœur fort ou courageux, le rendant ainsi absolument libre d'exercer sans crainte sa propre volonté. Il n'est jamais déclaré que Dieu a rendu son cœur obstiné avant qu'il n'ait été affirmé à cinq reprises qu'il a endurci son propre cœur.
Il y a un moment où Dieu fait cela avec un homme. Il n'y a aucun fondement biblique pour enseigner qu'un homme pourra, quand il le voudra, à travers les âges, se tourner à nouveau vers Dieu. Chaque homme a sa propre période probatoire et sa propre opportunité, et le Juge de toute la terre tient la balance avec une précision infinie. Quiconque refuse obstinément de se soumettre à Dieu au jour de l'opportunité, et cela à plusieurs reprises, découvre enfin que sa propre décision est devenue son destin. Par l'application de la loi, Dieu scelle le choix de la volonté humaine.
Dans tout ce processus de jugement, la patience de Dieu est aussi clairement manifeste que Sa puissance. Malgré les mensonges et les tromperies persistants du Pharaon concernant les promesses faites à Moïse, Dieu a patiemment attendu. Ce n'est que lorsqu'il eu à plusieurs reprises l'occasion de se soumettre à la Puissance qui se manifestait que, par la volonté, la décision et l'action de Dieu, l'obstination qu'il avait cultivée devint telle qu'il ne put y échapper.
La dernière partie de cette division est consacrée au récit de la délivrance effective de ce peuple et au début de cette merveilleuse direction qui inclut la provision pour tous leurs besoins et la puissance pour toutes leurs faiblesses.
Le jugement est envisagé dans son but, car il va de pair avec la délivrance. Alors qu'ils avançaient vers l'acquisition de leur nationalité, le calendrier lui-même fut modifié, et une nouvelle année commença pour eux, ainsi qu'un nouvel ordre. Avant la marche vers la liberté, ils observèrent le rite religieux de la Pâque. Ce rite était appelé une ordonnance, une fête, un sacrifice. C'était avant tout une ordonnance à respecter. Il s'agissait essentiellement d'une fête de réjouissance ou de délivrance. C'était fondamentalement un sacrifice perpétuant le souvenir de vérités vitales et essentielles. La nuit de l'exode était en effet, comme le déclare le narrateur, « une nuit à observer ». Le peuple est passé de l'esclavage à la liberté, du fouet de l'oppression à la place du pouvoir, de la dégradation à la réalisation de la vie nationale.
La nation, délivrée et consacrée, est immédiatement placée sous le gouvernement direct de Dieu. « Dieu ne les conduisit pas par le chemin du pays des Philistins, bien que ce soit le plus proche. » Dieu fit faire au peuple un détour.
La première marche après celle de l'Égypte les ramena dans un lieu dangereux. La signification précise de cette marche fut révélée à Moïse. Le juste jugement du péché du Pharaon doit être exécuté jusqu'à son dernier degré, mais il doit également être exécuté de manière à rendre Sa justice évidente. La folie et l'aveuglement du péché ont-ils jamais été plus manifestes que dans la préparation orgueilleuse de chars et d'armées pour renverser et détruire un peuple pour lequel Dieu avait si merveilleusement œuvré ?
Il n'est pas nécessaire de commenter une histoire aussi pleine de vie, de couleurs et de puissance dramatique que celle de la traversée de la mer. Dans le silence de la marche à travers la nuit solennelle, il fut révélé au peuple que, sous le gouvernement divin, il n'y a pas d'obstacles qui ne puissent être surmontés. Dans une rébellion insensée, Pharaon et son armée tentèrent de marcher sur le chemin spécialement préparé pour les hommes de foi. Au lever du jour, Dieu se manifesta d'une manière ou d'une autre aux Égyptiens. « À la veille du matin, l'Éternel, de la colonne de feu et de nuée, regarda le camp des Égyptiens. » Ils prirent alors conscience de leur folie et tentèrent de fuir. Il était trop tard. Leur destin était scellé et, la main de Dieu étendue par l'autorité divine, la mer se déchaîna sur eux en vagues dévastatrices, brisant à jamais la puissance du peuple puissant qui avait opprimé la nation de Dieu malgré toutes les occasions de se repentir. C'était un chant grandiose et glorieux qui s'élevait dans la matinée dans l'air matinal de l'autre côté de la mer
C'est là que commence l'histoire plus directe de la conduite du peuple par l'Éternel. Mara leur offrit l'occasion de découvrir les ressources de Dieu. Élim fut la preuve de Sa tendre sollicitude à leur égard. En passant dans le désert, ils commencèrent à prendre conscience de la rareté de certaines des choses qu'ils possédaient, même au milieu de l'esclavage égyptien. Une fois de plus, les ressources de leur Dieu ont prouvé leur efficacité en leur fournissant de la manne et de la viande. Une fois de plus, leur foi a été mise à l'épreuve par le manque d'eau et, malgré leurs murmures contre Moïse, Dieu a prouvé qu'il était le Dieu de la patience.
La marche du peuple attira sur lui l'armée d'Amalek. Israël remporta une victoire parfaite, et les principes de leur conflit perpétuel se révélèrent dès les premières batailles. Ils gagnèrent grâce à une combinaison de combat et de foi, une union de la pratique et de la prière.
Cette division se termine avec l'histoire de Jéthro. Son conseil à Moïse était empreint de respect pour l'autorité divine : « Si tu fais cela, et que Dieu te donne des ordres, tu pourras y suffire. » Le fait que Moïse ait suivi son conseil est une preuve presque certaine qu'il reconnaissait que Dieu lui parlait par l'intermédiaire de cet homme.
C. Organisation - Exode 19:1-40:38
Le peuple d'Israël, délivré de l'esclavage, était encore une multitude sans cohésion plutôt qu'une nation organisée. Dans cette division, nous avons un compte rendu de la remise de la constitution et du grand travail d'organisation. Il est divisé en trois sections, traitant des questions préliminaires et fondamentales, du code moral et du système de culte établi.
Le dessein divin de la grâce fut d'abord déclaré. Le peuple devait être Sa « propriété particulière… un royaume de prêtres… une nation sainte ». Ils n'étaient pas encore prêts pour l'accomplissement d'une intention aussi grande, et leur manque de préparation se manifesta dans leur déclaration immédiate qu'ils garderaient toutes les paroles de l'Éternel. Immédiatement, la nouvelle méthode, nécessaire compte tenu de leur état d'esprit, fut mise en place. Ils ont été confrontés au fait suprême de la majesté de Dieu. La loi a été donnée au milieu des tonnerres, des voix, du feu et de la fumée. Tout cela symbolisait la majesté et la sainteté de Dieu. Par une alliance spéciale, Il avait rapproché le peuple de Lui. C'était une proximité caractérisée par une bénédiction incommensurable. Pourtant, il fallait leur rappeler la majesté de leur Roi, et ainsi être remplis de révérence pour Lui.
Les dix paroles de la loi morale étaient précédées d'une proclamation de Dieu le concernant Lui-même, d'abord quant à Son nom, « Je suis l'Éternel », ensuite quant à Sa relation avec eux, « ton Dieu », et enfin quant à Sa délivrance de leur servitude. Le Décalogue se composait de deux parties. Les quatre premiers commandements constituaient la première partie et régissaient la relation entre Dieu et l'homme. Les six derniers constituaient la seconde partie et conditionnaient les relations humaines. Ces dix paroles révélaient une philosophie de la vie ainsi qu'une loi. La vraie morale devait être apprise de cette philosophie. La préoccupation première de l'homme doit être Dieu. Toutes ses autres relations en dépendent et en découleront
La proclamation de ces Paroles eut pour effet de remplir les hommes de crainte. La proximité de Dieu devint une chose terrible, car ils comprirent Sa sainteté à travers les paroles prononcées. Leur crainte était due à l'ignorance, tout comme à leur présomption. La réponse divine était pleine de grâce. Il leur fut ordonné de n'avoir pas d'autre Dieu, et un moyen de s'approcher de Dieu leur fut immédiatement fourni. C'était le chemin de l'autel et du sacrifice. Ces premières instructions concernant l'autel étaient profondément significatives. Il devait être construit avec des choses simples et brutes, dépourvues de toute fabrication dont le cœur de l'homme pourrait se vanter.
Suivirent ensuite les lois qui devaient régir la nouvelle nation en tant qu'État. Celles-ci concernaient d'abord la personne. La relation des esclaves avec leurs maîtres était traitée, et elles étaient d'une telle nature que partout où ils étaient obéis, elles conduisaient finalement à l'émancipation.
Le caractère sacré de la vie était protégé par la loi selon laquelle tout homme qui ôtait la vie à un autre devait perdre la sienne. Si l'acte était prémédité, il n'y avait pas d'échappatoire. Les blessures ou la mort causées par le bétail aux hommes et aux femmes, ainsi qu'au bétail, devaient être punies et indemnisées. Les lois de la propriété étaient telles qu'il était évident qu'aucun homme ne devait imaginer que, lorsqu'il avait rempli certaines obligations directes envers Dieu, il pouvait vivre sa vie sans se soucier de son prochain. Le mal causé par un voisin à un autre dans le domaine matériel était considéré comme un péché contre Dieu dans le domaine moral.
Ces exigences se caractérisaient par l'ajustement le plus minutieux des relations entre les hommes et révélaient la relation intime de Dieu avec tous et Son intérêt remarquable pour chaque phase et chaque aspect de la vie humaine.
S'ensuivait un ensemble de lois énoncées de manière disparate, mais ayant toutes trait aux liens qui renforçaient l'État. Deux d'entre elles traitaient des péchés d'impudicité. La passion était sanctionnée, dans son expression la plus naturelle par des exigences sociales sévères, et dans sa forme la plus contre nature par la mort. Un mot brutal et sévère, « Tu ne laisseras point vivre la magicienne », révélait à quel point, selon l'esprit de Dieu, toutes les tentatives de trafic de choses secrètes et cachées étaient nuisibles. Des lois concernant le prêt d'argent et la réception de gages suivirent, et enfin celles qui conditionnaient l'administration de la justice.
À cet égard, les fêtes du Seigneur ont été replacées dans leur véritable relation avec la vie sociale du peuple. L'année sabbatique a été organisée afin que les pauvres puissent manger. Le reste du sabbat était consacré aux soins à apporter au bétail et aux serviteurs, qui étaient également inclus dans son intention. Cette section se termine par une gracieuse promesse que l'Éternel a faite à son peuple concernant cette Présence qui devrait le conduire et le guider dans tous les jours à venir. Une étude sur cette Présence montrera que la Personne mentionnée est l'Ange de l'Éternel.
La troisième section traite longuement et en détail de la préparation pour le vrai culte qui a suivi la promesse de la Présence de l'Ange, et de l'avertissement contre le faux culte. Il y eut une assemblée solennelle préliminaire des anciens d'Israël en présence de Dieu. Il n'y a peut-être rien de plus solennel dans tout le livre que ce récit de l'approche des anciens. On nous dit qu'ils « virent le Dieu d'Israël ». Aucune description n'est donnée de ce qu'ils ont vu. Il se peut que l'Éternel se soit manifesté à eux sous la forme de cette Présence de l'Ange qu'il avait promise. Toutefois, il est préférable de laisser l'affirmation telle quelle, en se rappelant qu'elle ne peut être interprétée qu'en se référant aux faits qui ont suivi, à savoir que Moïse est entré dans une communion encore plus étroite avec Dieu presque immédiatement après. La vision se caractérisait pour les anciens par l'immunité de jugement, car sur eux « Il ne posa pas la main » ; et, de plus, par un acte sacré de communion dans lequel ils « mangèrent et burent ». Enfin, Moïse fut appelé au-delà du peuple, dans la vallée, et au-delà de ce cercle plus restreint des anciens, au milieu même de la montagne, où il reçut de manière encore plus détaillée la loi qui devait les gouverner, et vit les choses célestes, et apprit ainsi le modèle du culte terrestre.
En examinant la structure du Tabernacle, il sera bon de s'efforcer de comprendre ce qu'il signifiait pour les personnes pour lesquelles il avait été conçu. Cette étude détaillée n'entre pas dans le cadre de notre travail actuel. Nous nous contentons de noter la méthodologie générale de la procédure. Les premières instructions ne concernaient pas le bâtiment lui-même, mais son contenu. Elles commençaient au centre même avec l'arche, qui symbolisait la présence de Dieu et le droit du peuple de s'approcher de Lui en tant que Roi. Ensuite, la table des pains de proposition était décrite. Deux idées étaient suggérées par cette table. Pour l'esprit oriental, une table était toujours un symbole de communion et d'hospitalité. Ainsi, la nation se rappelait le privilège de la communion avec Dieu et le fait d'une amitié qui s'exprimait par l'hospitalité. Le chandelier d'or était le symbole et la figure du témoignage que ce peuple devait porter au monde extérieur. Les rideaux et les tentures du tabernacle et de la tente étaient faits de matériaux qui évoquaient les conditions dans lesquelles Dieu pouvait faire Sa demeure. Les planches et les barres, fixées dans des socles d'argent, évoquaient, dans le symbolisme de l'époque, la position de ce peuple en tant que nation rachetée devant Dieu. Le voile et les rideaux indiquaient à la fois l'exclusion du peuple de la proximité et la voie par laquelle il pouvait s'en approcher par l'intermédiaire de la médiation. Le voile de la cour extérieure, l'autel d'airain et tous ses accessoires leur rappelaient la vie de dévotion, fondée sur le sacrifice, qu'ils étaient appelés à vivre. Les somptueuses robes du prêtre sont considérées comme communes à tout le reste, pleines d'enseignements symboliques. La cérémonie de consécration des prêtres est décrite, tout comme l'autel de l'encens et les dispositions à prendre pour placer l'ensemble du mobilier dans l'enceinte sacrée.
Des instructions ont été données concernant la collecte des demi-sicles auprès du peuple, qui devaient servir à la construction des socles de fondation, ainsi que la préparation de l'huile sainte à utiliser pour l'onction. Les dernières instructions étaient une promesse, pleine de grâce et de tendresse, que certains hommes recevraient des outils qui leur permettraient d'effectuer le travail nécessaire à la construction du tabernacle.
Alors que le législateur était encore sur la montagne en recevant ce modèle des choses célestes pour le culte terrestre, le peuple de la vallée avait commis un péché grave. La fabrication du veau d'or constituait une violation positive de la promesse qu'ils avaient faite de respecter les paroles de la loi. En disant : « Allons! fais-nous un dieu », ce n'était pas qu'ils désiraient substituer d'autres dieux au Dieu unique, mais plutôt qu'ils recherchaient un semblant de Dieu. Le choix du veau était en soi significatif. Dans le symbolisme oriental, le bœuf était toujours le type du sacrifice et du service, et ils avaient au moins une lueur de la vérité concernant l'attitude divine. Il faut également noter que, le lendemain de l'établissement du veau, ils observèrent une fête en l'honneur de l'Éternel. La malice de leur action se manifesta dans l'attitude mentale qu'ils adoptèrent en créant un symbole. « Le peuple s'assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour se divertir ». Le culte devint immédiatement un acte matériel et sensuel.
Moïse se manifeste dans toute la grandeur de son caractère à cet égard. Il ne suppliait pas Dieu tant en faveur du peuple qu'en faveur de Dieu Lui-même. Il était ému d'une pitié infinie pour le peuple, mais derrière cette pitié, et la traversant comme un feu, brûlait une passion pour l'honneur de Dieu. Après s'être tenu devant Dieu pour le peuple, il en vint à se tenir devant le peuple pour Dieu. Dans une colère ardente, il brisa les tables de pierre, saisit le veau, le réduisit en poudre et obligea les hommes qui l'avaient fabriqué à boire l'eau dans laquelle il avait été jeté. Il procéda ensuite à la cérémonie de médiation et de restauration, puis retourna sur la montagne. Nous n'avons pas de compte rendu détaillé des événements de la deuxième période, si ce n'est que les tables de la loi ont été réécrites. Pendant cette deuxième absence, le peuple a attendu patiemment le retour de Moïse, le visage rayonnant de la gloire de la communion terrible et solennelle du mont.
Le dernier mouvement du livre raconte l'histoire de la construction et de la consécration du Tabernacle. Un peuple volontaire offrit de ses biens jusqu'à ce qu'il y en ait « beaucoup plus » que nécessaire. Puis, grâce à des ouvriers spécialement équipés, le travail avança rapidement jusqu'à ce que tout soit achevé selon le modèle divin. Cela est affirmé dans la déclaration générale « ainsi fit Moïse ; selon tout ce que le Seigneur lui avait ordonné, ainsi fit-il ». Enfin, il est écrit : « Ce fut ainsi que Moïse acheva l'ouvrage. » Tout fut achevé selon le modèle divin et dans l'ordre divin.
Tout symbolisait la présence réelle de l'Éternel, et ce fait devint vivant dans la conscience du peuple lorsque la gloire de l'Éternel remplit le lieu de culte achevé. La gloire était si grande que Moïse ne put entrer dans la Tente de la Rencontre.
Ainsi, la nation s'organisa autour de la présence et de la puissance de l'Éternel, et la narration se termine par la simple déclaration qu'ils poursuivirent leur voyage guidés par la présence de Dieu manifestée en relation avec ce centre de leur vie et de leur culte.
(1)De nombreuses anglais commencent souvent par « Maintenant » (NdT)
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(2)Comme les versions Darby et Bible Annotée par exemple (NdT)
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(3)ou King James Version (NdT)
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Lévitique