UN CULTE QUI NOUS ARRANGE
par Chip Brogden

« Et le roi prit conseil, et fit deux veaux d'or, et dit au peuple: C'est trop pour vous de monter à Jérusalem; voici tes dieux, Israël! qui t'ont fait monter du pays d'Égypte. » (1 Rois 12:28)

Ainsi commence le triste témoignage d'Israël, tombé de son statut de peuple saint pour devenir une nation rétrograde d'adorateurs d'idoles. Comment est-il possible que, si peu de temps après l'achèvement du Temple de Jérusalem, Israël ait pu s'égarer ainsi? On y trouve une application prophétique pour notre situation actuelle. Ces choses sont écrites pour nous servir d'exemple, c'est pourquoi jetons un coup d'oeil à ce moment précis de l'histoire d'Israël et voyons les leçons que l'on peut en tirer.

Il n'est jamais sage de forcer une interprétation à partir de quelques points principaux, parce que le Royaume de Juda n'était guère meilleur que celui d'Israël. Mais globalement, nous notons simplement que Jérusalem appartenait à Juda; et bien qu'elle ne soit pas parvenue à atteindre la pleine mesure de ce que Dieu avait prévu, Jérusalem avait vocation à être le centre de l'adoration et l'endroit dont le Seigneur avait dit qu'Il y ferait Sa demeure. Nous savons que Jérusalem abritait le Temple et le sacerdoce des Lévites. Après la mort de Salomon, le Royaume a été divisé entre deux hommes: Roboam, le fils de Salomon et Jéroboam, le serviteur de Salomon. Roboam est devenu le roi de Juda, et il a fait de Jérusalem sa capitale. Jéroboam est devenu le roi d'Israël et son territoire comprenait tout le Nord du pays.

Et nous avons ainsi un royaume divisé contre lui-même; pour l'essentiel, deux nations existant l'une en face de l'autre. Cela ne peut amener que de la controverse et de la compétition. Juda est centré sur Jérusalem, adorant Dieu dans le Temple, étant conduit dans cette adoration par le sacerdoce lévitique. Il n'est pas difficile de voir en Juda un reste existant au sein d'Israël.

Juda n'a qu'une tribu, alors qu'Israël en a dix. Notre Seigneur Jésus-Christ est le Lion de la Tribu de Juda. Tous ceux qui appartiennent à Christ sont spirituellement contenus dans cette tribu de Juda. Notre Jérusalem vient d'en haut, nous sommes le temple du Saint-Esprit, et nous sommes rois et sacrificateurs dans cette nation sainte qu'est ce peuple particulier, mis à part et spécial. Je pense que vous êtes suffisamment familiers avec le Nouveau Testament pour reconnaître ces réalités sans qu'il ne soit besoin de les étayer par des chapitres et des versets.

Israël en est donc venu à représenter quelque chose de tout à fait différent de Juda. Bien que Juda soit issu d'Israël, il était bien séparé d'Israël. Ainsi, que voyons-nous dans ce royaume divisé? Nous voyons l'Eglise que Jésus est en train de bâtir comme quelque chose qui est au-dessus de « l' « Eglise » que l'homme bâtit. Que vous l'appeliez l'Eglise Institutionnelle ou la Religion Organisée, il s‘agit d'un système religieux alternatif qui existe à coté de la véritable expression en Esprit et en Vérité dans la Nouvelle Jérusalem. Comme nous le verrons, la Religion Organisée est, dans la totalité de ses buts et intentions, un Culte qui arrange tout le monde.



UN CULTE D'AUTO-PRESERVATION

« Jéroboam dit en son coeur: Le royaume pourrait bien maintenant retourner à la maison de David. Si ce peuple monte à Jérusalem pour faire des sacrifices dans la maison de l'Eternel, le coeur de ce peuple retournera à son seigneur, à Roboam, roi de Juda, et ils me tueront et retourneront à Roboam, roi de Juda. » (1 Rois 12:26,27)

Nous voyons ici Jéroboam, le roi rebelle d'Israël. Il domine sur dix tribus. Son pays et son peuple sont plus grands que ceux de Juda. Et pourtant, il est troublé. Qu'est-ce qui le trouble? Il y a le problème de ces gens à qui Dieu a commandé d'aller à Jérusalem pour adorer. Jéroboam suppose, à juste titre, qu'une fois les gens du peuple arrivés à Jérusalem pour adorer, ils pourraient être enclins à s'y établir, et son royaume se verrait ainsi diminué.

J'aimerais suggérer que, de nos jours, Dieu nous appelle à monter à Jérusalem pour adorer - à savoir, L'adorer en Esprit et en Vérité (cf. Jean 4). Le Père recherche ces adorateurs véritables qui n'ont pas en pensée un endroit géographique où adorer, mais un lieu d'adoration en Esprit et en Vérité; une place spirituelle, une place venant du coeur. C'est ce que signifie pour nous « monter à Jérusalem ». C'est une Jérusalem d'en haut, elle vient des cieux, nous devons monter vers elle parce qu'il existe un niveau plus élevé, une dimension plus grande. C'est un lieu spirituel. Le livre de l'Apocalypse nous en parle, descendant des cieux, remplie de la gloire de Dieu et de la présence de l'Agneau.

Plusieurs répondent à cet appel à « monter à Jérusalem » et sortir de Babylone, sortir de l'Eglisianisme, sortir de la Religion Organisée. C'est pourquoi tous les Jéroboam de ce monde sont consternés! Comment empêcher cet exode massif de gens qui quitteraient nos églises? Jéroboam ne se soucie pas du peuple. Il ne se soucie pas du Seigneur ou des attentes du Seigneur. Il n'est concerné que par sa propre préservation: la sauvegarde de son leadership, la continuité de son royaume, la prolongation de sa propre vie.

La solution qu'il a trouvée était assez ingénieuse. Il a créé ce que j'appelle « UN CULTE QUI NOUS ARRANGE ». Ce culte présente trois caractéristiques: 1) Un endroit qui nous arrange ; 2) Une prêtrise qui nous arrange et 3) un festin qui nous arrange, pour unir ensemble les adorateurs. Regardons chacune de ces particularités l'une après l'autre, et voyons si l'on peut y trouver une application prophétique pour notre temps, pour la période à laquelle nous appartenons.



UN ENDROIT QUI NOUS ARRANGE

« Et le roi prit conseil, et fit deux veaux d'or, et dit au peuple: {litt.: leur dit.} C'est trop pour vous de monter à Jérusalem; voici tes dieux, Israël! qui t'ont fait monter du pays d'Égypte. Et il en mit un à Béthel, et l'autre il le plaça à Dan. Ce fut là une occasion de péché. Le peuple alla devant l'un des veaux jusqu'à Dan. » (1 Rois 12:28-30)

Jéroboam était suffisamment habile pour faire appel à cette partie de l'être humain qui est attirée par la commodité des choses, par leur coté pratique et facile. On peut s'arranger! « C'est trop pour vous de devoir monter à Jérusalem ». En d'autres termes, cela ne vous arrange pas, c'est trop difficile d'adorer Dieu comme Il le désire. Le coût en est trop élevé.

Si vous consultez une carte biblique, vous verrez que Jéroboam a placé stratégiquement ses veaux d'or aux extrémités Nord et Sud de son royaume. Vous pouviez donc vous rendre aisément vers le veau d'or le plus proche de chez vous. C'est le genre d'astuce de marketing qu'utilisent les restaurants pour vendre leurs desserts. Ils ne vous demandent pas si vous voulez un dessert; ils vous demandent si vous préférez comme dessert un gâteau au chocolat ou une tarte à la banane! Bien évidemment, vous pouvez refuser les deux, mais quand la question est posée ainsi aux gens, les statistiques démontrent que la plupart d'entre eux choisissent une de ces deux options, et finissent par commander un dessert.

Ainsi Jéroboam n'a demandé à personne de choisir entre un veau d'or et Jérusalem; il leur a simplement offert le choix entre « des desserts » - que préférez-vous: Béthel ou Dan? Il a tout réduit à une question d'arrangement. « c'est trop compliqué pour vous d'aller à Jérusalem ». Trop compliqué!

De nos jours on nous offre une myriade de choix d'adoration, une multitude de veaux d'or à chaque coin de rue, les uns à coté des autres, chacun cherchant à attirer les gens vers lui. Sur quoi est basé leur message de marketing? Sur ce qui nous arrange! On vous offre le choix entre plusieurs cultes afin que vous puissiez choisir celui dont l'heure vous convient le mieux. Un choix entre différents styles d'adoration et de prédication afin que vous puissiez choisir celui que vous préférez. Tant de choix, un si grand nombre d'options.

Si nous nous arrêtons pour réfléchir à cela, nous allons réaliser que Dieu ne nous demande pas de choisir quel veau d'or, parmi des milliers, nous désirons adorer. Il nous demande de faire un choix entre ce « système de veau d'or » dans son ensemble et la vie en Esprit et en Vérité dans la Nouvelle Jérusalem! Dieu nous appelle à quitter, à laisser derrière nous ce système totalement faux, et à faire une chose loin d'être facile - « monter à Jérusalem », se joindre à l'Eglise que Jésus bâtit, et apprendre à être une nation de rois et de sacrificateurs.

Il nous faut noter que quand Israël a accompli la chose qui l'arrangeait le mieux, la plus commode, la plus pratique et aisée, c'est devenu pour eux un péché. Elle les a conduits loin de Dieu et les a amenés sous le jugement. Le chemin qui nous arrange est un chemin large, et il mène à la ruine. Adorer Dieu en Esprit et en Vérité, en laissant derrière nous les chemins familiers et populaires, est difficile et coûteux, mais c'est précisément pour cela que Jésus dit qu'il faut bien évaluer le prix à payer avant de devenir Son disciple.

UNE PRETRISE QUI NOUS ARRANGE

« Jéroboam fit une maison de hauts lieux, et il créa des sacrificateurs pris parmi tout le peuple et n'appartenant point aux fils de Lévi. » (1 Rois 12:31)

Un culte qui nous arrange nécessite une prêtrise qui nous arrange, pour la diriger facilement, la faire durer, la superviser et la conduire. Conformément à la pensée de Dieu, seuls les Lévites étaient appelés à Le servir en tant que prêtres. Tous les lévites se trouvant déjà à Jérusalem pour servir dans le Temple, Jéroboam a dû trouver d'autres prêtres pour travailler dans son système erroné.

La solution choisie par Jéroboam a été de rendre cela facile - arrangeant tout le monde - n'importe qui pouvait devenir un prêtre. Peu importait l'appel de Dieu. Quiconque choisissait de devenir un prêtre pouvait être ordonné par Jéroboam, et acquérir instantanément le statut de leader. Et ainsi les membres les moins élevés du peuple avaient l'opportunité de s'élever au-dessus du lot.

Combien de temps faut-il pour faire un apôtre, un prophète? De nos jours, pas longtemps. Il suffit de s'autoproclamer quelque chose, ou de permettre à d'autres de nous appeler ainsi, pour faire de nous quelqu'un de spécial. Comme c'est facile! Nous sommes envahis par des gens qui s'attribuent eux-mêmes le titre d'apôtre, d'évêque, de prophète, de pasteur et de « première dame » (peut être le titre le plus charnel de tous).

Le problème est que lorsque « chacun» est un prêtre, il est alors très difficile de faire la différence entre les prêtres du Seigneur et les prêtres du veau d'or. Quand «chacun» est un prophète, comment faire le tri entre la parole véritable et la parole fausse? La plupart des gens ne le peuvent pas, et ainsi la déception se propage à cause de cette recherche de la facilité, de ce qui arrange les gens.

La réalité est la suivante: il y a un coût énorme qui est associé à l'appel de Dieu pour notre vie, et si vous vivez réellement la vie chrétienne telle qu'on doit la vivre - « pas moi, mais Christ » - cela sera (par moments) difficile, désagréable, à contre sens, et problématique. Et quand Dieu vous place dans une position de responsabilité pour les autres, alors les difficultés seront multipliées par mille. Cela ne sera pas « facile », mais pour ceux qui placent la vérité au-dessus de la facilité, cette façon de vivre en Christ est leur propre récompense.

UNE FETE QUI NOUS ARRANGE

« Il établit une fête au huitième mois, le quinzième jour du mois, comme la fête qui se célébrait en Juda, et il offrit des sacrifices sur l'autel. Voici ce qu'il fit à Béthel afin que l'on sacrifiât aux veaux qu'il avait faits. Il plaça à Béthel les prêtres des hauts lieux qu'il avait élevés. Et il monta sur l'autel qu'il avait fait à Béthel, le quinzième jour du huitième mois, mois qu'il avait choisi de son gré. Il fit une fête pour les enfants d'Israël, et il monta sur l'autel pour brûler des parfums. » (1 Rois 12:32,33)

Un culte qui nous arrange nécessite diverses sortes de célébrations qui nous arrangent, ou des fêtes pour réunir régulièrement ses adorateurs. Jéroboam a décidé d'organiser un festival « comme la fête qui se tenait en Juda ». Bien sur, ce n'était PAS la même fête, ce n'était qu'une contrefaçon de la fête des tabernacles. La fête véritable se trouvait à Jérusalem. La fête de Jéroboam était quelque chose d'imaginé, d'inventé et de conçu par Jéroboam.

Etait-ce une réunion pour honorer le Seigneur? Etait-ce une assemblée pour adorer Dieu? Pas du tout. C'était une distraction qui détournait de l'adoration spirituelle, une alternative bien pratique à un voyage vers Jérusalem pour adorer dans le Temple. Bien entendu, c'était de nature religieuse - ce n'était pas une réunion sauvage, mais une fête religieuse « comme la fête qui se tenait en Juda ».

Un endroit qui nous arrange, une prêtrise qui nous arrange, et une fête qui nous arrange constituent tout ce qu'il faut pour faire une un culte qui nous arrange. Il en résulte pour finir un système alternatif d'activités religieuses qui proclame adorer Dieu, qui a l'apparence de la piété mais qui est bien plus facile et attrayant pour la chair.

JUGEMENT SUR LE CULTE QUI NOUS ARRANGE

« Voici, un homme de Dieu arriva de Juda à Béthel, par la parole de l'Eternel, pendant que Jéroboam se tenait à l'autel pour brûler des parfums. Il cria contre l'autel, par la parole de l'Eternel, et il dit: ... » (1 Rois 13:1,2a)

Dieu a utilisé un prophète venant de Juda pour défier ce système erroné d'adoration religieuse qu'avait mis en place Jéroboam, et pour prophétiser sa destruction. Ce n'étaient pas des paroles « plaisantes » à apporter. Après avoir annoncé la destruction pour Jéroboam, le prophète a été lui-même désobéissant et s'est fait tuer par un lion. Si vous n'aviez pas écouté la parole du prophète, peut-être pouviez-vous apprendre la leçon en voyant ce qui était arrivé au prophète! Jéroboam, bien que troublé sur le moment, a persisté dans sa désobéissance, et a été jugé en conséquence. Mais les dégâts étaient faits et Israël a sombré dans la ruine.

Il n'est pas difficile de voir à quel point l'histoire s'est répétée pendant les deux mille ans passés. Comme l'Israël ancien, nous vivons dans un « royaume divisé » dans lequel la Majorité Religieuse perpétue un culte qui arrange les gens, et la Minorité du Reste cherche la pleine pensée du Seigneur, Sa volonté, Son coeur, et Son Esprit, concernant l'Eglise que Jésus bâtit, une maison spirituelle de pierres vivantes, une « Nouvelle Jérusalem » de rois et de prêtres. On considère les deux (la Majorité Religieuse et la Minorité du Reste) comme étant « Israël » mais seule l'une est la véritable Eglise, alors que l'autre n'est qu'une distraction qui nous arrange.

Pour finir, la nation de Juda elle-même a sombré dans l'idolâtrie et s'est trouvée sous le coup du jugement. Le Temple a été détruit et Jérusalem brûlée. Dieu a dû alors travailler avec un Reste issu du Reste, et Il a ainsi fait perdurer Son Royaume selon des principes spirituels.

De nos jours, le Seigneur continue de travailler avec un Reste, les appelant à « monter à Jérusalem » et à s'affectionner aux choses d'en haut. Dieu travaillant selon des principes spirituels pour accomplir un dessein spirituel, la frontière est beaucoup plus subtile entre l'Israël rétrograde et le Juda spirituel, entre l'adoration du veau d'or et l'adoration en Esprit et en Vérité. Mais une fois que vous avez vu l'Eglise que Jésus bâtit, il est beaucoup plus facile de rejeter les veaux d'or. Jéroboam sait cela, et c'est pourquoi il propose une alternative très attrayante et qui arrange tout le monde.

Que le Seigneur fasse de ces paroles un fardeau sur nos coeurs. Amen.